Les habitats d'intérêt communautaire que l'on cherche à conserver et à restaurer dans le cadre de Natura 2000 sont des habitats rares ou menacés à l'échelle du continent européen. Ils sont listés à l'Annexe I de la Directive "Habitats, faune, flore".
Le site Natura 2000 du Massif du Taillefer abrite 19 habitats d'intérêt communautaire différents, dont 3 sont prioritaires pour leur conservation !
La cartographie des habitats naturels d'intérêt communautaire du site :
Les boisements
La répartition des essences varie en fonction de l'altitude.
Entre 1500 m et 2000 m d'altitude (étage subalpin) : les forêts de résineux deviennent dominantes et marquent la limite d'existence des arbres. Les épicéas d'abord prépondérants sont progressivement remplacés par les pins.
Le contraste entre les versants Est et Ouest et les différences locales de sous-sol et d'exposition sont à l'origine d'une grande diversité des milieux forestiers sur le site du Taillefer :
- la forêt d'épicéas du replat du Poursollet, notamment, présente une grande diversité de milieux forestiers bien individualisés : pessières sèches, pessières mi-sèches, pessières humides à hautes herbes et tourbières boisées ;
- la pinède à pins sylvestres d'Oulles illustre bien la sécheresse relative du versant Est.
Les landes
Entre 2000 m et 3000 m d'altitude (étage alpin), avec le froid et l'altitude, la forêt laisse place aux landes.
On rencontre quatre principaux types de landes sur le massif :
- les landes à Rhododendron ferrugineux,
- les landes à Camarine noire forment une ceinture à une altitude supérieure à celle des landes à rhododendrons,
- les landes à Airelle bleue sont bien représentées sur le Plateau des Lacs: la présence d'un grand plateau venté en altitude permet à ces landes de trouver des conditions optimales de développement et contribue à son originalité,
- les landes à Genévrier nain.
Ces espèces caractéristiques des landes se protègent du vent et du froid par leur forme rampante.
Les pelouses et prairies
Les prairies et pelouses du Taillefer sont sources d'une étonnante biodiversité ! La diversité des plantes présentes dans les prairies et les pelouses participe à la qualité de l'alimentation des troupeaux, chacune apportant un élément essentiel dans l'alimentation des animaux.
Ces prairies et pelouses très fleuries sont le fruit des pratiques pastorales ancestrales mises en place sur le massif :
- sur le plateau du Poursollet, au Louvet et à Basse-Montagne : les prairies sont maintenues ouvertes par le pâturage. Sans lui, elles seraient petit à petit colonisées par la forêt.
- au Pré d'Ornon et aux Puntis : les prairies sont riches en espèces végétales et possèdent une forte valeur paysagère.
- à l'étage alpin, au niveau de l'arête et de la crête du Brouffier, des plateaux du Fourchu, du Grand Galbert et du Clôt de Beaumont : les pelouses rases occupent de grandes surfaces parcourues par les brebis.
Les éboulis
Les éboulis sont des milieux très instables ! Ils sont composés de blocs de roche plus ou moins stables et de diverses tailles.
Les conditions de vie sont extrêmes et difficiles : pauvreté voire absence totale de sol, absence d'eau, luminosité intense, chaleur, vent...
Des plantes se sont pourtant adaptées à ces milieux inhospitaliers et y poussent de façon discontinue. Leur morphologie est adaptée aux conditions contraignantes du milieu : port prostré ou en coussinet dans les fissures, stolons dans les éboulis...
Les tourbières et autres zones humides
Les conditions extrêmes d'humidité, d'acidité et de froid qui règnent sur le massif ne permettent pas aux micro-organismes de dégrader la matière végétale : elle s'accumule pour former la tourbe des tourbières.
Véritables châteaux d'eau naturels, les tourbières hébergent de nombreuses espèces caractéristiques qui se sont adaptées aux conditions difficiles.
La Sphaigne, mousse caractéristique des tourbières, fonctionne comme une éponge : elle peut stocker jusqu'à 30 fois son poids sec en eau !
La Drosera à feuilles rondes, petite plante carnivore des zones tourbeuses, se nourrit d'insectes qu'elle capture grâce à ses feuilles gluantes pour compenser le déficit en azote du sol. En un été elle peut capturer jusqu'à 2000 proies !
Le Lézard vivipare s'est adapté au froid : son sang contient des molécules antigel.
Différents types de tourbières sont présentes sur le massif :
- au niveau de la forêt de Bérard et du plateau du Poursollet, on rencontre deux milieux remarquables : les tourbières sphériques hautes actives à sphaignes (lac des Boîtes, lac Punay et tourbière proche du Punay) et les tourbières boisées. Ce sont des milieux de climat froid qu'on rencontre essentiellement en altitude. Sur le massif du Taillefer elles sont en limite Sud de leur aire de répartition ;
- au niveau des zones de Basse-Montagne et du Louvet, on rencontre : les bas-marais alcalins à Swertie pérenne (plante aux fleurs violacées très sombres de la famille des gentianes) et les buttes de sphaigne à Drosera ;
- au niveau des plateaux du Fourchu et du Grand Galbert, à plus de 2000 m d'altitude, on rencontre des tourbières à différents stades d'évolution, du lac à la tourbière en fin d'évolution. On trouve notamment des buttes de sphaignes en activité, constituant principal de la tourbière haute active. Ces zones humides occupent, grâce au plateau, une étendue remarquable et unique dans les Alpes françaises !
Les lacs
Les lacs sont très nombreux sur le site. Issus de la fonte des glaciers après l'ère glaciaire, ce sont des milieux particulièrement sensibles qui sont soit en vase clos, soit alimentés par des réseaux de petits ruisseaux.
Les communautés à hautes herbes
Les communautés à hautes herbes (aussi appelées "mégaphorbiaies") désignent des formations végétales dominées par de grandes plantes à fleurs dont la taille excède 1,50 m à maturité.
Elles sont bien représentées sur les versants Nord du Taillefer et sous le plateau du Fourchu. Elles sont le plus souvent situées en sous-bois des Aulnes verts et profitent de la forte humidité de ces secteurs.
